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Et de dicter ses exigences au directeur de cabinet. « Je la vis débouler dans mon bureau en me lançant sans préambule: "J'arrive lundi et j'aimerais avoir une 406 comme voiture de fonction. Où sera mon bureau et comment fait-on pour le contrat avec mon collaborateur? " », raconte-t-il dans son livre. Il ajoute que Rama Yade aurait demandé à être rémunérée alors que « seuls les permanents bénéficiaient d'un salaire », relate Le Point. Face au refus de Jérôme Lavrilleux d'accéder à ses exigences, elle serait partie en lui promettant un appel de Claude Guéant, alors secrétaire général de Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Mais l'affaire serait restée sans suite. Rama Yade a dans la foulée quitté l'UMP pour le Parti radical de Jean-Louis Borloo. Après un mandat local au sein de la région Ile-de-France, une candidature avortée à la présidentielle 2017 faute de parrainages et une déroute aux législatives du Loir-et-Cher, elle s'est mise en retrait de la vie politique.
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Le wokisme, un « noble combat » « Black lives matter est un mouvement salutaire », estime la femme politique née à Dakar d'un père historien, bras droit du président Léopold Sédar Sengor. Alors que le sujet des droits des minorités enflamme les démocraties occidentales, l'ancienne ministre encourage son pays à opérer une remise en question. « Comment se fait-il que les hommes noirs qui constituent 8% de la population soient 40% à occuper les prisons américaines? (... ) Un jeune noir sur 3 connaîtra la prison au cours de sa vie contre 1 blanc sur 17. Comment se fait-il qu'ils représentent la majorité des populations infectées par le Covid? ». La mort de George Floyd a été, affirme-t-elle, un « ultime détonateur dans ce réveil ». À lire aussi Face à l'idéologie «woke», Jean-Michel Blanquer annonce un plan européen pour le latin et le grec Au sujet du wokisme justement (« éveil » en anglais), Rama Yade ne comprend pas le débat suscité en Europe. Pour elle, le terme a été « brandi de manière abusive comme un outil de censure », alors qu'il s'agit en réalité d'un « noble combat, de justice et de revendication d'égalité dont devrait s'enorgueillir la patrie des droits de l'homme ».
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Après l'affaire Jean Sarkozy, elle a dit, comme toujours, que les journalistes l'avaient mal comprise… Et après celle des régionales, elle a écrit des lettres d'excuses au Président. » * Auteure de « L'Enfer de Matignon » (Albin Michel). Un personnage transfrontalier Alors, pourquoi tant de succès auprès de l'opinion publique? Sans doute parce que, comme l'explique Mariette Sineau (1), politologue, directrice de recherche à Sciences-Po, « Rama Yade fait entendre une petite musique d'opposition dans une majorité qui fait du suivisme ». La secrétaire d'Etat apparaît différente. Non pas seulement parce qu'elle est noire ou qu'elle est une femme. Mais parce que, contrairement à Fadela Amara ou à Rachida Dati, elle ose exprimer des désaccords. « Son côté fort en gueule me fait penser à Astérix! s'amuse le psychanalyste Jean-Claude Liaudet (2). Je pense que, si elle plaît tant, c'est parce qu'elle remplit une fonction moins politique qu'imaginaire. On ne se soucie pas vraiment de ce qu'elle fait, mais plutôt de son rôle dans le grand spectacle gouvernemental: celui d'un personnage transfrontalier.
» Du talent, c'est certain, mais lequel? Celui d'une battante, comme elle l'a dit, d'« une immigrée qui peut être fière de son histoire »? Ou d'une enjôleuse qui sait à merveille séduire en jouant les rebelles? Si les Français l'adorent – encore 53% d'opinions favorables le 28 octobre dernier selon BVA, et désormais une marionnette aux « Guignols » –, la benjamine du gouvernement excède souvent le landerneau politique. « Elle n'est que dans le coup médiatique », lui reproche-t-on. L'art du rétropédalage Un point de vue qu'analyse ainsi Raphaëlle Bacqué*, grand reporter politique au « Monde »: « Si elle était une vraie rebelle, elle aurait démissionné le lendemain de la visite de Kadhafi. C'eût été noble. Mais elle s'en est tenue au coup d'éclat. Sa popularité repose moins sur des actes que sur une image. » Et d'autres d'insister sur l'art du rétropédalage de la secrétaire d'Etat aux Sports: « Sa "rebellitude" a tout d'une posture. Après le coup de Kadhafi, elle a illico envoyé à Sarkozy une boîte de chocolats en forme de coeur!